Foule sentimentale

L’abstinence ne dure qu’un temps pour les accrocs du carbone! L’ouverture sonne le grand rappel au bord de l’eau. Les populations de pêcheurs se mélangent : les passionnés des salmonidés côtoient ceux qui la taquinent que l'ombre d'un week end. Les frustrés de deuxième catégorie dont je fais partie en profitent également pour ressortir les cannes des fourreaux et parfaire leurs différents lancés, rouillés par un mois et demi de congés forcés. Sous l'eau, nos truites sauvages voient arriver leurs congénères bien moins vivaces et au nez drôlement carré. Vous l’aurez bien compris, il y en a pour tout le monde en ce jour d'ouverture et l’affluence au bord de l’eau est à prévoir. Dans ce contexte, j’ai pris le parti de laisser cette cohorte s’exciter, pour venir bien après que les berges aient été foulées. Me voici donc en Bretagne, sur le Gouët, pour un coup de soir en semaine où je ne croiserai pas l'empreinte d’une botte sur le sol. Je suis seul, la rivière est à moi, la fête peut commencer.
Pour les retrouvailles en première catégorie, le choix des armes se résume à une pêche lente aux leurres souples. Insister maladivement dans les zones de calme où les truites se refont une santé après l’hiver rigoureux, un niveau d'eau des plus faibles et une reproduction arrassante.
Les postes s’enchaînent et je trouve au fil des amortis l’animation que fera mouche : un grammage léger pour faire planer le leurre en début de fosse. La stratégie mise en lumière, les truites se laissent séduire. Quel bonheur de voir ces poissons à la robe si particulière. La manipulation est rapide pour qu'elles puissent repartir à l’eau dans les meilleures conditions !
Prochain épisode du côté du Blavet la semaine prochaine puis le Scorff accompagné du fidèle Chico pour une traque de dame Fario dans les règles de l'art et qui sait, un saumon peut succomber à nos joujoux en plastique !

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