Deux invités surprise
Les années passent, et bien que je m'efforce de changer de techniques, promener mon bout de plastique en collant un maximum au biotope n'a pas d'égal. Cette châtaigne si attendue, la concentration requise pour faire passer le leurre au bon endroit. Le cerveau passe en mode Garmin en modélisant le fond et les suppositions de tenue des poissons. Cette technique a elle toute seule recèle bien des secrets qu'un demi siècle de pratique ne permettrait pas de soulever en totalité.
Je vous le concède, cela n'aide pas quant à la diversité des prises. En descendant cette saison de taille de leurre et en collant plus les berges, j'ai pu engranger bien plus de brochets que les autres années, mais aussi de perches qui répondaient aux abonnées absentes depuis de longs mois.
Pour les approches sur septembre, je n'ai pas réellement changer de tactique, même avec les premiers froids d'octobre. Les poissons se tenaient juste un peu plus bas dans les couches d'eau mais toujours à proximité des postes d'été. Pour les tailles de leurre, bien compliqué de passer en mode hiver avec du 5 pouces. C'est un peu comme manger une raclette par 15 degrés, ça fait toujours plaisir mais la digestion est moins évidente. Les sauts des vifs m'ont conforté avec des juvéniles de l'année pas encore de bien grosses tailles. Aucune raison dans ces conditions de s'exciter en mode dinde aux marrons de Noël, on reste soft.
Des poissons donc qui se placent sur des postes stratégiques et font le plein pour l'hiver qui frappe à leur porte. En témoigne la concurrence territoriale où chaque mètre carré bien placé à proximité du ravitaillement compte. La loi du plus fort :
La loi également du grand n'importe quoi où les brochets dépassant les 80cm fondent sur des leurres de 3.5 pouces et lorsque que je les cible en montant grandement en taille de leurre, je tape de la perche. Une logique à faire perdre les cheveux aux meilleurs biologistes!
Idem pour la partie côtière, où les premiers frimas activent le bar avec de réelles chances de faire carton plein. Je me suis donc risqué sur la seule fenêtre météo du mois d'Octobre à mettre à l'eau mon kayak par une marée de 115. C'était prévisible : un courant de dératé corrélé à une profondeur à marée basse frisant le ridicule. Fatalement le marnage à marée basse découvrait l'ensemble de mes postes. L'ensemble sauf un : un tombant de roche au milieu d'un océan de sable. Si mes postes sont à sec, il est fort à parier sur un regroupement de poissons. Bingo : sur des profondeurs oscillant péniblement entre 90cm et 1m90 la déferlante Labrax frappe. Au menu : des leurres planants en 7g dans un flot et un courant toujours plus puissant au gré de la marée montante. Le sondeur affiche 3.5 nœuds de dérive soit 6.5 kilomètres, l'opération est périlleuse. Un lancer puis, comme à la truite au toc, je laisse le leurre travailler tout seul à descendre le courant. Quasi chaque lancer est sanctionné par un poisson avec celui-ci en pépère de la session. Du poisson en pagaille en pleine orgie alimentaire. J'aurais pu pêcher à la merguez avec des résultats similaires :-)
Le retour en rivière est toujours un moment délicat après avoir pris cartouche sur cartouche en mer. On se sent toujours un peu seul les premiers lancers. Puis on se réhabitue à devoir gratter, chercher pour peut-être déclencher quelque chose. Ce quelque chose justement je l'ai trouvé mais sur des poissons que je n'avais jamais pris. Dans la kermesse des perches, un hotus viendra me rendre visite.
Mais les choses vont prendre une toute autre tournure sur le cassant d'un plateau en lisière de courant. Un gratouillis déclenche un ferrage lourd. Les premières secondes me font penser aux poissons à 5 nageoires : la lourdeur d'un silure, les coups de tête lourds d'un sandre, la nervosité d'une perche et les rushs d'un brochet. Le poisson se bat sans jamais vraiment vouloir décoller du fond. La tresse arrive et les premiers centimètres de mon bas de ligne m'indiquent que les masques vont tomber. Centimètre par centimètre, je ne tiens plus quand soudain, le poisson fait demi-tour en se laissant admirer. Un magnifique barbillon!!!!! Quel plaisir!!!!
Nous sommes début novembre et le reconfinement est passé par là. Croyez moi, je risque de n'être pas très ami avec les 1km. Cagoulé et masqué, je compte bien faire sauter le verrou!
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