2 poissons et 2 questions

Une fin d’année conclue par un bien joli poisson. Mais ne nous y trompons pas, l’hiver et les montées d’eau si propices à sortir des poissons trophées n’auront jamais été prolifiques. Les poissons de 40-50cm qui sont hors des radars, l’ont en revanche bien été ce coup-ci. Difficile de retracer plus d’un mois et demi de sorties de pêche en quelques lignes. Je vais néanmoins m’y hasarder.

Les premières gelées, les premières montées d’eau indiquent le top départ. Une dizaine de postes habitués à accueillir de beaux poissons sur lesquels il faut tourner. A en avoir le tournis, je vous assure que j’ai tourné. Mais à tourner dans le vide, le constat est accablant avec bien quelques poissons, mais en rien dans les standards de ce que l’on peut espérer d’un hiver. 




Les planètes sont pourtant alignées : eau <8 degrés (les silures ont les lèvres gercées et donc clouées), une belle couleur d’eau macchiato et puis un débit qui pousse tout notre beau monde en dehors du chenal. Oui mais voilà, rien ne fonctionne. La montre tourne et la fermeture se rapproche… Les échanges se multiplient avec les potes : Hugues, Chico, Etienne, Romain. 

Chico enchaîne les déconvenues avec une hypothèse nouvelle : « aller les chercher là où nous aurions jamais été les chercher ». En application sur la Loire, il prendra avec son frangin 2 poissons. Je m’exécute de mon côté sur un secteur que je connais comme ma poche. Je commence par les endroits qui m’ont déjà rapporté de nombreux poissons. La ritournelle de la non activité des jours précédents continue. Je me décale bien plus en amont sur un platier… de vase. Je lance, je dévale la pente sans grand espoir et ce gratouillis si caractéristique du sandre déclenche un ferrage bien trop tardif. Je relance dans la zone et là ce n’est pas la même : boom ! Ferrage immédiat dans le vide… 

"...mais non !" sort de ma bouche un poil énervé. Je suis sûr du client au bout et je l'ai manqué comme un débutant. Avant de relancer on m’interpelle :

« Cela fait deux fois, à la troisième je prendrai cela pour de la maladresse » me lance un ancien qui n’avait pas perdu une miette du spectacle.

Je relance au même endroit en lui répondant pendant la descente de mon leurre:

« Je vous promets que si cela m’arrive une troisième fois, je me fais sécher sur un pieuuuuuuu. » Croyez moi ou pas mais pan, je reprends un boom. Premier coup de casque, c’est un sandre ! Hihaaaa, le premier gros. Quelques secondes plus tard, il est dans l’épuisette et devinez qui a pris la photo ? Et bien Jean Paul, je connais le prénom de l’ancien qui se délectait de la scène quelques minutes plus tôt.


Un premier beau poisson et une première question : un sandre de ce calibre est-il capable de taper 2 fois sur le même leurre à 30 secondes d’intervalles ? J'en doute mais le secret restera entier comme souvent à la pêche. Ces secrets bien gardés dans ce monde que nous essayons d’appréhender, de deviner mais qui ne se dévoile jamais assez.

Deuxième chapitre pendant les vacances de Noël. Je reçois à intervalle régulier des photos de très beaux poissons d’Etienne : 82 / 85/ 87 / 82 … une quasi crue, une bonne lecture de l'eau, au bon moment avec le bon leurre, il enchaîne ! Nous échangeons pendant les fêtes de fin d'année et visiblement pendant la "fête" halieutique qui étaient concordantes cette année. Il me convie sur un secteur à « gros sandres » lors d'une remontée d'eau. Nous sommes à l’aube de la fermeture alors le gros c’est maintenant ou jamais. Les débits auront eu raison de ce secteur habituellement surpêché l’été : nous pêcherons seuls. En kayak je galère un tantinet pour remonter le courant. Les premiers contres se dévoilent et chacun y va de sa partition. Je joue la complémentarité en changeant un paramètre sur ce qu’Etienne fait. Première touche et premier poisson. Les zinets me poursuivent et n’ont pas décidé de me lâcher la grappe. 


Alors qu’Etienne prend la décision de remonter une écluse gavé de blancs, je reste aux avant-poste persuadé que les sandres guettent la manne à quelques mètres. Je campe mais je change tout en repartant sur un shad 5 pouces peu plombé. Pourquoi? Pour jouer la carte du naturel qui dégringole le courant dans le but d'aller s’entasser avec ses congénères dans l’écluse. La couleur blanche à l'air de sortir du lot à la vue des quelques touches précédentes, on part comme cela.

Au deuxième lancé, badaboom ! Dans 2m d’eau la cogne est lourde et je pense bien tenir un brochet, ... qui sera finalement un sandre. Un sandre obèse avec un combat court mais puissant. Un deuxième poisson >80 et une deuxième question. Comment ce poisson sur lequel nous sommes passés des dizaines de fois à finalement opter pour le leurre le plus utilisé par les pêcheurs? Improbable poisson que ce sandre.


C’était bien la dernière séance et sur la saison 2020 le rideau est tombé. Il se rouvrira sur la saison 2021 et de bien beaux projets : mars – avril la truite avec Chico en Bretagne, avril toujours avec Seb pour aller chercher les premiers bars. Le mois de mai commencera avec un guidage aux côtés de Romain Monsimer et la sacrosainte ouverture avec Kinkin. Je clôturerai en Juin avec notre sortie annuelle dans le Golfe du Morbihan avec Jean Seb et Kinkin pour finir avec deux jours à la traque de la truite de mer à la mouche !

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