Attention : "vents forts"

Nous sommes au mois d'avril à l'heure où je vous narre les évènements. Un agenda professionnel serré  avec comme conséquence directe, une ouverture truite décalée de 3 semaines. N'ayant pas trop le choix, c'est lors d'un déplacement en terre inconnue en Eure et Loire qu'il m'aura fallu trouver un point de chute. On repassera pour les strass et paillettes. Loin des eldorados des premières catégories qu'on se le dise, mon envie de sortir ma nouvelle canne au toc aura eu raison de toutes questions parasites. Peu d'espoir pour des miracles mais le simple fait d'avoir sagement au fond de mon coffre mon attirail me met en joie. Peu d'espoir également car sur la route, les panneaux indiquant  "vents forts, ralentissez" me laissent présager de passer un bon moment. Les températures chutent de kilomètre en kilomètre jusqu'à descendre à 0°. Les nuages bien présents m'offrent mes premières giboulées de neige d'Avril.

Ambiance.

D'une échelle de 0 à 10 clairement là, on tutoie le gros 1 en terme de perspectives. Non passionné, passez votre chemin. De mon côté, je prends conscience qu'un seul poisson, peu importante la taille, vaudra de l'or.

Premier aperçu du cours d'eau : eau claire, 40cm de fond en moyenne et courant régulier. Va falloir la jouer amont, quasi accroupi pour ne pas se faire voir. J'enfile mon ver de terre, règle l'équilibre de la plombée pour bien passer et j'attaque. Mon indicateur de fil danse tant le vent tournoie autour de ma ligne. Je passe en mode concentration maxi pour passer au plus juste, mes sens eux aussi mode exacerbés. Après quelques réglages comme une certaine remise en route des lancés propres, discrets et précis, la première touche arrive. Ce sera un chevesne qui me procurera un beau combat et que je suis ravi de voir s'échouer à mes pieds. Quel plaisir de renouer avec la pêche!

Le parcours est court, chaque pas m'avance inexorablement vers la fin de mon coup de pêche. Un œil sur Google Map : il me reste 200m. Bon bon, à partir de maintenant, on prend le temps. Chaque approche doit être soignée et ne pas laisser la place aux approximations. La neige redouble et attaque le bout de mes doigts.

Sur un contre en début d'accélération de courant, une touche seiche m'indique la présence d'un beau poisson. Transis, je prends le temps de me réchauffer, de renfiler un ver de terre et je repars. La ligne est posée, accélère dans le rapide puis prend la bonne direction. Le fil lèche le contre courant et là, le contact est plus sérieux. Je ferre à la touche. Le poisson fait une chandelle : c'est une belle fario. 

En 12/100, on ne va pas la jouer déménageur breton. Je prends mon temps pour assurer la capture.

Cette fario, elle vaut de l'or! J'arrête d'ailleurs juste après ce coup de ligne avec en tête "vents forts ralentissez". Et bien oui, je range mon barda, car j'ai froid et dans quelques jours je serai en bretagne dans une rivière que je connais sur le bout des doigts. Et ces derniers ne devraient pas être congelés ce coup-ci. Gardons nos forces.

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