Le baptême du feu

Après des mois de questions, des heures de comparaisons sur les caractéristiques techniques des cannes du marché, je me suis rendu à l'évidence : si je veux cocher toutes les cases, il me faut passer par le surmesure. Ce sera BF Rods sur Nantes qui prendra le pari du montage de la canne et du choix des matériaux. Pour le cahier des charges ? Une canne résonnante et légère capable de me donner la moindre information. Aucune fioriture, je veux une canne brute et technique. Verdict : 2m18 qui en fera une bonne lanceuse sur une plage de puissance 5g - 25g, anneaux fugi torzite et pour finir un blank avec une action à couper le souffle. Un bijou qui excelle pour les pêches à gratter. C'est ma pêche de prédilection, tout va bien!

Me voilà donc en main de cette canne, pensée dans les moindres détails avec même un talon dimensionné à mon bras pour encore plus de confort. Le signature Carnattack pour couronner le tout et hop, ligaturé c'est pesé, dans la voiture.

Et la pêche dans tout cela car à un moment c'est bien beau de parler matériel mais c'est au bord de l'eau que cela se joue.

Tout est dans le titre mes Seigneurs : "le baptême du feu". Autant vous dire qu'avec ce que j'avais dans les mains, impossible de résister plus de 24h pour trouver le chemin menant à l'eau. Kayak sur le toit, je commençais par une mission sandre. La pêche est compliquée avec l'obligation de peigner des secteurs inconnues à la recherche de nouvelles tenus et débusquer des poissons jusque là tranquillement installés dans leurs bordures. Me voilà donc à gratter le fond avec ma tour de contrôle entre les mains. Premières sensations décuplées et première touche. Plus qu'un toc, je parlerai ici d'une décharge dans le bras tant la canne transmet les vibrations. L'œil de Moscou halieutique va décidemment bien m'aider. C'est pas bien gros mais j'ai l'ivresse alors qu'importe.

Plusieurs poissons se succèderont avec le même plaisir. Acte 1 réussi donc pour cette première sortie.

Vient le temps des vents d'Est en ce début juillet qui raviront sur notre belle côte Atlantique les surfeurs dont je ne fais pas parti, et les pêcheurs. Ces vents de terre ont deux effets notables. Ils viennent en effet légèrement refroidir la surface de l'eau tout en l'éclaircissant. Le cocktail molotov d'une pêche du bar aux leurres de surface. Ni une ni deux, me voilà sur les côtes Vendéennes. Accompagné de ma femme, mes enfants et en guest star mes parents, le week-end se profile bien.

Pour la recette : un kayak, une poignée de leurres pour tourner autour des hypothèses de clarté de l'eau et un réveil car il va falloir décaniller tôt. Il est 5h40, la Vendée s'éveille et je suis déjà prêt à me frotter aux dorsales de Maître Labrax.

Beaucoup beaucoup d'images en tête à l'heure où j'écris ces lignes car les résultats ont été à la hauteur de mes plus belles projections. Du poissons en pagaille ultra réactifs, plutôt mobiles et très coopératifs. Ca donne cela à l'arrivée : une main ayant elle aussi connue le baptême du feu esquintée par les bars.

Rien ne s'est détaché niveau sonorité des leurres, en revanche niveau coloris l'impact sur les résultats ont été flagrants: blanc translucide aux aurores pour migrer sur des coloris métalliques lorsqu'apparaissaient les tous premiers rayons du soleil. Pour les leurres souples, il aura fallu descendre en taille tout en restant sur des coloris naturels pour décider les plus gros poissons. 

Aux premières agitations côtières, il était temps de partir, la messe était dite et l'activité allait décliner. Vivons caché, alors retour à la case port. Il est 8h!

Les 3 sorties seront du même acabit avec à chaque fois plus de 20 poissons touchés. Un régal pour les yeux, pour le calme, pour sa tête, pour la quiétude, pour le fait de se sentir seul et que la mer nous appartient, un petit peu, le temps d'un levé de soleil.

Le baptême du feu, ma canne l'a donc connu. Ce baptême va se transformer en guerre pour accrocher à son palmarès un brochet, et quel brochet… 

Suite dans quelques jours!