Sous l'ombre exactement

"L'été sera chaud, l'été sera chaud"... dans le kayak sous le chapeau! 

Avec une vigilance sécheresse sur la Mayenne, l'eau ne coule quasiment plus sur les seuils. Que ce soit sur la Maine, Le Loire, la Sarthe, nous passons d'une configuration rivière à une configuration canal. Pas une once de courant et une température de l'eau qui grimpe en flèche. Qui dit eau chaude dit digestion plus rapide donc plus d'activité mais aussi moins d'oxygène dissout dans l'eau. Comme aime à le dire Julien Himbert : "avant de manger, les poissons pensent à respirer. Tu aurais faim toi si je te mettais la tête dans un sac plastique ?"

Cette vision, que je partage, m'amène foncièrement à revoir mon approche de la pêche. Mes pêches étant dédiées aux sandres à 90% du temps, l'heure est donc à aller les chercher au coeur de l'ombre. C'est une zone de confort évidente pour eux comme pour nous en ce moment car les ombres végétales sont porteuses d'un brin de fraîcheur dans cette fournaise. Aucune utilité ici d'insister, il s'agit d'enchaîner un maximum de postes dans le but de tomber sur du poisson au repos. Les lancers se doivent premièrement précis afin que le leurre se fraye un chemin entre les branches et deuxièmement délicats pour ne pas fuiter le poisson stationné dans 1m d'eau. Du sandre donc capturé de manière disparate. J'ai même récemment descendu mes leurres directement entre les branches des bois morts contournant chaque branche pour quadriller chaque recoin et aller chercher les poissons au coeur de leur cachette. Quand la pêche mord sur les plates-bandes de la chasse.

Du sandre mais des surprises aussi car en peignant les postes de cette manière, il était prévisible de tomber nez à museau avec d'autres espèces. Si j'avais en tête de la perche ou bien du black bass, c'est un tout autre client que je m'apprête à recevoir. 

Sur un plateau de 2m en bordure de végétation et touche sèche m'indique qu'un curieux s'est aventuré au bout de la ligne. Au ferrage, je comprends tout de suite que la partie allait se muscler. En 22/100 pour une résistance de la ligne théorique de 3,5kg, le premier remous m'annonce la couleur: piqué en bord de gueules, Maître Esox et ses quelques 740 dents s'est laissé tenté. Les rush survitaminés commencent alors, compensant la fragilité de ma ligne tantôt par l'action de ma canne, tantôt par mon kayak en me laissant tracter. Oui "tracter" car le poisson que j'ai au bout de la ligne est métré, la fameuse barre mythique. Je suis appliqué dans toutes les phases du combat et j'amène le poisson dans l'épuisette qui pour l'occasion est bien trop petite. S'en suit des chandelles tout en puissance pour sortir des mailles. Un saut également sur mon torse dans le kayak (gueule fermée dieu merci) et une remise peu académique dans cette épuisette bien trop étriquée pour lui. Un coup de pince, une mesure le long du kayak pour une remise à l'eau tout en sagesse et le verdict tombe : 1m02 donc pour cet excité du bocal qui m'aura donné quelques sueurs froides et un paquet d'images que j'ai encore en tête le soir en me couchant.



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