Savoir changer

Je me souviens encore de la réflexion d'un de mes camarades de pêche alors que je débutais la pêche au leurre:
"En été le leurre souple pour le sandre, je n'y crois pas et cela ne marche pas! On va perdre notre temps à pêcher l'eau."
Je lui donne partiellement raison. Partiellement, car oui, dès que la température monte, (vous me direz on est pas emmerdé cette année dans l'Ouest) les poissons deviennent tatillons, et le plastique n'est plus aussi fantastique sur le sandre. Partiellement, car oui le poisson se volatilise l'été, et qu'il n'y a pas cet effet de concentration. Enfin partiellement, car ma virée de la semaine dernière s'est soldée par du poisson avec ces mêmes leurres en plastique décriés au dessus.
Je dois aussi vous avouer quelque chose : une idée me traverse la tête depuis plus de deux ans déjà et les quelques heures de lectures scientifiques finissent de confirmer et mon envie et mon intuition. En effet, l'écrevisse constitue tout au long de l'année une nourriture de base pour nos chers carnassiers avec en tête le brochet (qui l'eut cru) et le sandre. Tiens donc, une proie, régulièrement consommée, qui ne sélectionne aucune espèce, pouvant susciter l'intérêt des carpes, sandres, perches, brochets, silures et autres brèmes. Qu'à cela ne tienne, je fouille mes affaires de pêche et j'extirpe d'un bac, une pochette d'imitation écrevisses acheter à Boston un an auparavant. Les américains raffolent de ces imitations comme celles représentant grenouille ou autres rats!!!! Ils sont tordus certes, mais vu l'ampleur que la pêche prend dans ce pays, il doit bien avoir une raison que je vais m'empresser de comprendre.

Allez, feu, c'est décidé, je ne prends que çà : 4 pochettes un point c'est tout. Aucune tentation ne me sera permise comme cela. Je vais devoir me focaliser et appréhender le maniement de cette imitation, toute droite sortie, d'un bon vieux film de science-fiction. Je la monte en directe sur une tête plombée légère et je m'amuse à observer le comportement du leurre en bordure dans un mètre d'eau. Une fois le coup de main pris pour faire vivre la chose, je cherche directement les ennuis. Le fond étant jonché de blocs de pierres, je prends un malin plaisir à slalomer entre les obstacles. Le grand G halieutique j'ai envie de vous dire. En même temps, j'ai rarement vu des écrevisses évoluant sur un plateau dénué de toutes caches. Alors, j'en suis convaincu, ma démarche est la bonne. Là dessus, une animation tonique, aucun énervement sur un début d'accroc et le tour est joué. Je ne perdrais aucun leurre et mieux, les poissons vont répondre présents : 1 puis 2 puis 3 puis 1 décroché.



Rien de bien gros, mais un vrai bonheur de leurrer ces poissons avec un nouveau type de leurre et de bon augure pour affiner la chose afin de passer à la taille au dessus.
Savoir se remettre en question, savoir changer permet au fil des années de s'adapter à une multitude de cas de pêche et pouvoir tirer son épingle du jeu. C'est ce que les gens appellent l'expérience, plus exactement l'expérimentation. Deux termes qui me sont chers.

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