Maudit

Quelque part aux bords de la Mayenne, un souvenir de pêche restera planté là, dans ce remous. Des moments magiques à la pêche nous en avons tous et j'essaie tant que mon niveau d'écriture le permet, de relater ces bons moments. D'autres sont douloureux, d'ailleurs souvent bien plus nombreux que les précédents.

Les temps sont durs comme vous le savez en ce mois de décembre, alors quand vous tenez un poisson qui prend le chemin de prise trophée, je vous laisse imaginer la montée d'adrénaline et la pression pour ne pas faire de faux mouvements.

Revenons sur ce remous de Mayenne, auprès duquel dès le deuxième lancé, une sensation à peine perceptible m'amène à ferrer énergiquement. La ligne est calée dans ce qui ressemble, et à ce que j'imagine être un tronc d'arbre. Je garde le contact persuadé que ce ferrage était la conséquence d'un poisson joueur. La ligne descend et le premier coup de tête dissipe les derniers doutes que je pouvais avoir. C'est extrêmement lourd et mon blank est déjà mis sous pression. Deuxième coup de tête tout aussi puissant. Ca ne veut absolument pas venir et je tiens là un sandre, je reconnais sa défense lourde et mollassonne. Je suis concentré, mes yeux figés sur mon fil qui danse sur la surface de l'eau. Je gagne petit à petit, mètre par mètre, le poisson s'épuise. Mon bas de ligne crève la surface, m'annonçant la fin est proche du combat. 
Je distingue un forme blanche énorme et le remous qui s'en suit ne me permet pas bien de distinguer parfaitement ce magnifique sandre. Je sais juste qu'il est énoooorme et que je tiens LE poisson que l'on convoite tous l'hiver. Il repart donc calmement jouant de son poids avec le courant. Puis, ce que tout pêcheur redoute arriva : cette sensation de mou après une tension continuelle dans la ligne. Le poisson vient sous mon nez et sous ma barbe, à 3 mètres de mes pieds de se décrocher... Je recule pas à pas, m'allonge dans l'herbe encore humide soufflant un grand coup. 1 sandre de perdu, 10 minutes à récupérer les yeux fermés, me revoyant il y a 20 ans avec Philippe, car il y a 20 ans exactement sur le même poste, je cassais sur mon premier gros sandre d'hiver. Maudits

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